Lettre aux futurs parents et parents (2)

Pourquoi, comment , devient on père ou mère ?

Le plus fréquemment et fort heureusement parce qu’on le souhaite, on veut fonder une famille, élever un enfant et avoir le bonheur de participer à la construction d’un futur adulte, perpétuer la lignée familiale, parce que la religion ou la société nous y pousse.

On verra que l’idée du parent que l’on se fait ne correspondra pas tout à fait au parent que l’on va devenir, De la même façon l’idée de l’enfant que l’on se fait pendant la grossesse et les premiers mois, va devoir être Remaniée pour pouvoir s’adapter à l’ incontournable réalité.

Parfois des circonstances malheureuses voire dramatiques impliquent de devenir parent, même si aujourd’hui, il est possible d’interrompre le processus de gestation si la femme ne sent pas capable de prendre en charge ce futur enfant, c’est une décision courageuse et la plupart du temps suivie d’un travail de deuil, parce que ça n’est jamais anodin.
Parfois des blocages somatiques ou psychiques chez la femme ou chez l’homme, empêchent le processus de vie de se mettre en place, alors les futurs parents font appel a la science, parcours de combattant qui, la plupart du temps aboutit à un résultat heureux, un bébé est né.
Et parfois, certains vont adopter un enfant d’ici ou d’ailleurs . Pourquoi est-ce si difficile en France d’adopter, long, fastidieux, contrôlé à de nombreuses étapes qui vont repoussser encore la date de la rencontre. Est-il démontré que toutes ces procédures vont garantir la qualité de la relation parent/enfant ?
Cette difficulté est reconnue depuis de très nombreuses années, ce qui pousse de nombreuses personnes à aller chercher l’enfant ou en Asie, ou en Afrique ou en Amérique du sud !

Lorsque l’enfant nait, il arrive que la mère refuse cette présence et l’abandonne, il s’agit d’une naissance sous X, légalement possible. C’est là encore une démarche difficile pour la femme, bien accompagnée, l’enfant sera confié aux services sociaux et sera placé en pouponnière pour le début de sa vie. Parfois, la naissance provoque un bouleversement psychique plus ou moins important chez la femme.
Parfois cela se manifeste par un état dépressif, baby blues, passager. La séparation, peut aussi être vécue comme une perte et réactiver de vieux démons inconscients,, des traces émotionnelles si déstabilisantes à ce moment là qu’il faudra mettre en place un accompagnement thérapeutique de la mère et l’enfant, sans oublier le père, pour permettre plus tard une sortie de cet état de souffrance psychique.

On le voit devenir parent d’une façon ou d’une autre ça remue, ça bouscule, ça secoue. Les futurs parents vont avoir 9 mois pour se préparer à la venue de l’enfant, à devenir un couple parental, passer de 2 à 3 lors de la naissance du premier enfant. C’est lui qui permet au parent de devenir parent, le premier.

Cela bouscule tellement que parfois certains renoncent avant la naissance. Devenir parent est un passage qui va obliger plus ou moins consciemment à revoir la place de chacun dans le couple et aussi dans la lignée famililale, il y a une nouvelle mère, la mère des parents devenant la grand-mère et il y a un nouveau père, qui relègue le père a la place de grand père.
Avec cette nouvelle place l’adulte parent prend une nouvelle place, responsable à son tour du devenir de son enfant comme l’ont fait ses propres parents. Ces nouveaux parents, de la nouvelle génération peuvent décider de ne pas élever leur enfant comme leurs parents l’ont fait.

Le couple de futurs parents peut avoir une idée plus ou moins précise de la façon dont ils vont ensemble élever leur enfant. Très vite, les rôles se mettent en place orientés par l’histoire de chacun, le caractère, l’état du moment.
Qui va se lever la nuit, qui va le nourrir ?Allaitement ou pas ? pendant combien de temps. On change ses rythmes de travail ou bien on le fait garder pour préserver son parcours professionnel ? La femme peut elle décider de travailler et faire garder son enfant ou bien préfère t-elle le temps partiel ? Le conjoint est-il d’accord ?... de nombreuses questions vont émerger au jour le jour parce qu’il est impossible de tout anticiper.

Devenir parent est une aventure éprouvante même si le chemin est semé de pépites le plus souvent quand on sait les accueillir. Pour autant, l’enfant qui grandit, bien malgré lui, met les adultes à l’épreuve de la patience, de la tolérance, de la confiance, dès les premiers mois.
On voulait une fille c’est un garçon, on vouait un garçon, c’est une fille. Apres tout peu importe, c’est bien…et pourtant l’épreuve peut commencer là. Il va falloir faire le deuil de l’enfant idéalisé plus ou moins consciemment. L’enfant qu’on a rêvé d’avoir, celui qu’on aurait voulu être, celui qu’on n’a pas été, celui que nos parents ont rêvé et du parent qu’on avait rêvé d’être. On ne sera pas le parent parfait, il n’y a pas d’enfant parfait non plus, tout est bien. On fera au mieux.IL y aura des déceptions, des moments de découragements et des moments de joie aussi.

Un parent vu en consultation était surpris de ne pas trouver la réponse à ses questions lors des différentes rencontres avec des professionnels, ou dans la littérature ou sur internet. Il est important parfois de renoncer au savoir pour regarder son enfant.
On ne fait pas ce que l’on veut de l’autre, ni d’un adulte ni d’un enfant.
L’aventure humaine ne s’écrit pas à l’avance, la rencontre avec son enfant encore moins. C’est une
improvisation de chaque instant, une redécouverte répétée au quotidien malgré les habitudes et les rituels qui encadrent cette rencontre. Il y a bien sur un postulat, amour , respect, bienveillance dans un environnement respectueux et un cadre adapté adapté à ses besoins.
Je conseille en général le poème de Khalil Gibran comme référence de base, extrait de « Le prophète » « vos enfants ne sont pas vos enfants ils viennent par vous et non de vous…. »

Françoise Dolto disait qu’il faut écouter l’enfant, ce qui signifie que ce qu’il dit est important, que ce soit avec des mots ou des comportements, et non pas céder à toutes ses demandes.
Accueillir et poser des limites aussi parce que l’enfant ne sait pas, il compte sur nous pour guider ses pas.
L’accepter tel qu’il est et l’accompagner au mieux dans son devenir propre, unique, parfois à l’écart de la norme, ce qui demande du courage et nous fait progresser dans notre vie d’adulte.
L’enfant nous enseigne aussi quand on l’écoute bien.